Niger - Enquête Démographique et de Santé 1992

L'Enquête Démographique et de Santé au Niger OEDSN) a été exécutée par la Direction de la Statistique et des Comptes Nationaux en collaboration avec certaines Directions techniques du Ministère de la Santé Publique et du Ministère du Développement Social, de la Population et de la Promotion de la Femme, et avec l'assistance technique de Macro International Inc. Il s'agit d'une enquête par sondage, réalisée au niveau national, dont les objectifs 6taient de fournir des informations détaillé.es sur la fécondité, la planification familiale, la santé de la mère et de l'enfant, l'état nutritionnel des enfants de moins de cinq ans, la mortalité infanto-juvénile et la mortalité maternelle. Cet ensemble d'informations, couplées aux résultats du Recensement Général de la Population (RGP) de 1988, fournissent une vue d'ensemble de la situation démographique et sanitaire du Niger. Au cours de I'EDSN, réalisée sur le terrain entre mars et juin 1992, 5 242 ménages, 6 503 femmes en âge de procréer (15-49 ans) et 1 570 maris ont été enquêtés avec succès. Les caractéristiques de la population obtenues à partir de l'enquête ménage, en particulier la structure par âge et sexe et la répartition par milieu et région de résidence sont très proches des résultats du RGP 1988. Ceci témoigne de la bonne représentativité de l'échantillon de I'EDSN. Conformément au programme international des EDS, I'EDSN vise les objectifs suivants : 1. recueillir, à l'échelle nationale, les données permettant de calculer des taux démographiques et plus particulièrement les taux de fécondité et de mortalité infantile; 2. analyser les facteurs directs et indirects qui déterminent le niveau et les tendances de la fécondité; 3. analyser les facteurs directs et indioects qui déterminent le niveau et les tendances de la mortalité; 4. mesurer les taux de connaissance et de pratique contraceptive par méthode, par milieu d'habitat et selon les secteurs de distribution de la contraception; 5. recueillir des données de qualité sur la santé familiale; pour les enfants de moins de 5 ans : vaccination contre les 6 maladies du Programme Elargi de Vaccination (PEV), prévalence et traitement de la diarrhée et d'autres maladies, mortalité infantile et juvénile; pour les femmes en fige de procréation : visites prénatales, assistance à l'accouchement et allaitement au sein; 6. mesurer l'état nutritionnel des mères et des enfants de moins de cinq ans (mesures anthropométriques : taille et poids); 7. développer au niveau du pays les capacités et les ressources nécessaires å la réalisation périodique d'enquêtes démographiques et de santé. PRINCIPAUX RESULTATS Les femmes nigériennes ont une fécondité très élevée, l'une des plus élevée en Afrique : avec les niveaux actuels, une femme donnera naissance en moyenne à 7,4 enfants durant sa vie féconde. L'une des principales caractéristiques de cette fécondité est sa précocité : une femme sur deux donne naissance à son premier enfant avant l'âge de 18 ans. Par ailleurs, les niveaux de fécondité présentent de fortes variations selon le milieu de résidence et le niveau d'instruction. Les femmes du milieu rural (7,5 enfants par femme) donnent naissance, en moyenne, à 1,6 enfants de plus que celles de Niamey (5,9 enfants par femme). De même, les femmes sans instruction (7,5 enfants par femme) ont, en moyenne, plus de 1 enfant de plus que celles qui ont fréquent~ l'école (6,3 enfants par femme). Parmi les femmes de 15-49 ans, 86 pour cent étaient mariées au moment de l'enquête et, à partir de 30 ans, moins de 1 pour cent des femmes restent célibataire : ainsi, le mariage qui demeure le cadre presque exclusif de la procréation, est quasi universel au Niger. En outre, plus d'une femme mariée sur trois (36 pour cent) vit en union polygame. L'entrée en union est très précoce : à 18 ans, 89 pour cent des femmes sont déjà mariées et l'âge médian au premier mariage est de 15,1 ans. Les premiers rapports sexuels se produisent également très tôt (âge médian de 14,9 ans). Cette précocité des premiers rapports sexuels et du mariage expliquent la précocité de la fécondité. En outre, aucune tendance ne semble se dessiner dans le sens d'une modification de l'âge d'entrée en union, même si les femmes de Niamey et surtout celles ayant fréquenté l'école se marient plus tardivement (respectivement, âges médians de 16,2 et 17,1 ans) que les femmes du milieu rural et que celles sans instruction (âge médian de 15,0 ans). Plus de trois femmes sur quatre (76 pour cent) connaissent au moins une méthode contraceptive, mais les méthodes traditionnelles, en particulier les gris-gris, sont mieux connus que les méthodes modernes (65 pour cent contre 58 pour cent). Malgré ce niveau de connaissance relativement élevé, seule une très faible proportion de femmes nigériennes (4 pour cent) utilisent la contraception; en outre, les méthodes modernes (2 pour cent) et traditionnelles (2 pour cent) sont utilisées en même proportion. Comme pour la fécondité, les niveaux d'utilisation de la contraception varient fortement selon le milieu de résidence et le niveau d'instruction. A Niamey, 21 pour cent des femmes mariées utilisent la contraception et la grande majorité d'entre elles utilisent une méthode moderne (17 pour cent), alors que la prévalence contraceptive n'est que de 2,5 pour cent en milieu rural. De même, 16 pour cent des femmes ayant fréquenté l'école utilisent une méthode de contraception, et surtout une méthode moderne (11 pour cent), alors que la prévalence n'atteint pas 4 pour cent parmi les femmes sans instruction. Méme si une part non négligeable de femmes non-utilisatrices de la contraception (15 pour cent) expliquent leur comportement par le fait qu'elles manquent d'informations, la majorité d'entre elles (51 pour cent) n'utilisent pas de méthodes parce qu'elles souhaitent avoir des enfants. Le désir d'enfants est donc très élevée : seulement 9 pour cent des enquêtées ont déclaré ne plus en vouloir et une proportion encore plus faible des matis interrogés (2 pour cent) ont exprimé le même souhait. En fait, si elles n'avaient que les enfants qu'elles désirent, les femmes nigériennes auraient une fécondité (7,1 enfants par femme) très proche de la fécondité actuelle (7,4 enfants par femme). Ainsi, si la demande potentielle totale en planification familiale concerne 24 pour cent des femmes, seule une faible part de cette demande (6 pour cent) est orientée vers la limitation des naissances, l'objectif principal étant d'espacer les naissances et non de les limiter. L'EDSN fournit également un ensemble d'informations très importantes sur la santé et l'état nutritionnel de la mère et de l'enfant. Concernant les soins prénatals et les conditions d'accouchement, on constate que pour 30 pour cent seulement des naissances des cinq dernières années, la mère est allée en consultation prénatale; dans 23 pour cent des cas seulement, elle a reçu au moins une injection antitétanique pendant la grossesse; l'accouchement n'a eu lieu dans une formation sanitaire que pour 15 pour cent des naissances; un professionnel de la santé a assisté 15 pour cent des accouchements et une accoucheuse traditionnelle formée 18 pour cent des naissances : la grande majorité des naissances (67 pour cent) ont eu lieu sans l'assistance de personnel spécialisé, voire sans aucune assistance (17 pour cent). En outre, on constate d'énormes différences du point de vue du niveau d'instruction de la mère et surtout du point de vue du milieu de résidence : pour 86 pour cent des naissances, les mères ont bénéficié de soins prénatals en milieu urbain contre seulement 20 pour cent en milieu rural, et 70 pour cent des accouchements du milieu urbain ont été assistés par des professionnels de la santé contre seulement 5 pour cent en milieu rural. La vaccination contre les maladies-cible du Programme Elargi de Vaccination (PEV), à savoir la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la polio, la rougeole et la fièvre jaune, est un facteur clé d'amélioration du taux de survie des enfants. D'après I'EDSN, parmi les enfants de 12 à 23 mois qui, selon les recommandations de l'OMS, devraient être tous vaccinés contre les maladies-cible du PEV, 40 pour cent seulement sont vaccinés contre la tuberculose, 20 pour cent ont reçu les trois doses de DTCoq et de polio, et 28 pour cent seulement sont vaccinés contre la rougeole. Seulement 1 enfant nigérien sur 7 a reçu toutes les vaccinations du PEV et, à l'opposé, 6 enfants sur 10 n'ont reçu aucune de ces vaccinations. Ces taux de couverture vaccinale déjà très faibles au niveau national, masquent d'importantes disparités selon le milieu de résidence et le niveau d'instruction des mères: si 46 pour cent des enfants du milieu urbain sont complètement vaccinés, ce taux de couverture vaccinale n'atteint que 8 pour cent en milieu rural où, à l'opposé, 79 pour cent des enfants n'ont reçu aucune vaccination. De même, 33 pour cent des enfants dont la mère a fréquenté l'école sont complètement vaccinés, contre 12 pour cent seulement des enfants de mère sans instruction. D'après les déclarations des mères, pendant les deux semaines ayant précédé l'enquête, 11 pour cent des enfants de moins de 5 ans ont souffert de toux et de respiration courte et rapide, symptômes d'infections respiratoires aiguës, 45 pour cent des enfants ont souffert de fièvre qui peut être, dans de nombreux cas, un sympt6me du paludisme, et 28 pour cent des enfants ont eu un ou plusieurs épisodes diarrhéiques. Quelle que soit la maladie, une très faible proportion d'enfants (moins de 14 pour cent) ont été menés en consultation lorsqu'ils étaient malades, et une forte proportion d'enfants atteints (39 pour cent et plus) n'ont reçu aucun traitement. En particulier, 3 enfants sur 4, atteints de diarrhée, n'ont bénéficié d'aucune forme de Thérapie de Réhydratation par voie Oralc (TRO), alors que 57 pour cent des femmes ont déclaré connaître les sachets de SRO. La quasi-totalité des enfants nigériens nés au cours des cinq années ayant précédé l'enquête (98 pour cent) ont été allaités, mais une très faible proportion d'entre eux (20 pour cent) ont et~ mis au sein dès la naissance. Alors que jusqu'à l'âge de 4-6 mois tous les enfants ne devraient recevoir rien d'autre que le sein, seulement 1 pour cent des enfants nigériens sont exclusivement allaités. Dès le premier mois les enfants reçoivent différents types de laits, de liquides et même d'aliments solides ou en bouillie, ce qui affecte leur état nutritionnel et augmente leur risque de contracter des maladies infectieuses. En moyenne, et quelle que soit les caractéristiques de la mère, les enfants sont allaités pendant environ 20 mois. Près d'un enfant sur trois (32 pour cent) est atteint d'un retard de croissance qui révèle un état de sous-nutrition chronique, et près de la moitié de ces enfants sont affectés par la forme sévère de cette sous- nutrition. Près d'un enfant sur six (16 pour cent) est émacié, c'est-à-dire atteint de sous-nutrition aiguë. Cette situation nutritionnelle des enfants, déjà très préoccupante au niveau national, est encore plus alarmante au niveau de certaines sous-populations : ainsi, le retard de croissance atteint 43 pour cent des enfants du département de Maradi et 38 pour cent des enfants des départements de Zinder/Diffa, et l'émaciation affecte 19 pour cent des enfants du département de Tillabéri et 18 pour cent des enfants du département de Maradi. Conséquence d'une situation sanitaire déficiente et d'un mauvais état nutritionnel, la mortalité des enfants nigériens est l'une des plus élevée au monde. Sur mille enfants qui naissent, 123 décèdent avant le premier anniversaire et, sur mille enfants qui atteignent 1 an, 223 décèdent avant l'âge de 5 ans. Globalement, 1 enfant sur 3 accède entre la naissance et le cinquième anniversaire. Cette très forte mortalité qui semble n'avoir que peu évolué durant les quinze dernières années, présente, en outre, de fortes variations selon les caractéristiques des mères. C'est ainsi qu'entre la naissance et le cinquième anniversaire, la mortalité est deux fois plus élevée en milieu rural (347 pour mille) qu'à Niamey (157 pour mille) et qu'elle varie de 208 pour mille pour les enfants dont la mère a fréquent~ l'école å 334 pour mille pour les enfants de mère sans instruction. Autre conséquence de cette situation sanitaire déficiente, les femmes courent un risque élevé de décéder par cause maternelle. Pour la période 1979-1992, 39 pour cent des décès de femmes se produisant aux âges de procréation sont imputables à des causes maternelles. Pour la même période, on estime que le taux de mortalité maternelle se situait entre 650 et 700 décès maternels pour 100 000 naissances : exprimé différemment, cela signifie qu'une femme court un risque de 1 sur 20 de décéder par cause maternelle durant sa vie féconde.

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Author Direction de la Statistique et des Comptes Nationaux (DSCN)
Last Updated May 21, 2020, 12:09 (UTC)
Created March 16, 2020, 15:56 (UTC)
Release Year 2012-08-09 13:33:29