Niger - Enquête Démographique et de Santé 1998
L'Enquête Démographique et de Santé au Niger (EDSN-II) est une enquête par sondage, représentative au niveau national. Elle a été exécutée par CARE International au Niger, avec l'assistance technique de Macro International Inc, à l'aide de financements de I'USAID et de l'Unicef. L'EDSN-II fournit des informations détaillées sur la fécondité, la planification familiale, la santé maternelle et infantile, la pratique de l'excision, l'état nutritionnel des enfants et des mères, la mortalité infanto-juvénile, les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) et le sida. Au cours de l'enquête, réalisée sur le terrain de mars à juillet 1998, 5928 ménages, 7577 femmes âgées de 15-49 ans et 3589 hommes de 15-59 ans ont été interviewés avec succès. Les informations recueillies sont significatives au niveau national et au niveau de chacun des six domaines d'études retenus dans le cadre de I'EDSN-II : ce sont la communauté urbaine de Niamey, les départements de Dosso, Maradi, Tillabéri et ceux d'Agadez/Tahoua et Zinder/Diffa. En ce qui concerne ces deux derniers domaines d'études, il a été décidé de coupler les départements afin que les données soient statistiquement représentatives. De plus, les données sont représentatives selon le milieu de résidence, à savoir, Niamey, les Autres Villes et le milieu rural. L'un des principaux objectifs de I'EDSN-II était de recueillir, à l'échell e nationale, des données de qualité qui permettent de : connaître les niveaux et tendances de la fécondité et de la mortalité infantile et juvénile, ainsi que les facteurs déterminant leur évolution; déterminer le niveau de connaissance et d'utilisation des méthodes de contraception chez les femmes et les hommes; obtenir des informations sur le nombre idéal d'enfants et sur l'attitude vis-à-vis de la planification familiale chez les femmes et les hommes en âge de procréer; recueillir des données détaillées sur la santé maternelle et infantile : visites prénatales, assistance à l'accouchement, allaitement, vaccinations, supplémentation en Vitamine A, prévalence et traitement de la diarrhée et d'autres maladies chez les enfants de moins de trois ans; déterminer l'état nutritionnel des mères et des enfants de moins de trois ans au moyen des mesures anthropométriques (poids et taille); Enfin, l'EDSN-II a permis de développer les capacités nationales nécessaires à la réalisation périodique d'enquêtes démographiques et de santé. PRINCIPAUX RESULTATS La fécondité des femmes nigériennes est la plus élevée du monde. Avec les niveaux actuels de fécondité, chaque femme aura 7,5 enfants à la fin de sa vie féconde. Le niveau de la fécondité présente des variations assez prononcées selon le milieu et la région de résidence. La fécondité du milieu rural (7,9 enfants) est nettement plus élevée que celle du milieu urbain (5,9 enfants). Avec 5,2 enfants par femme, Niamey se caractérise par le niveau le plus faible. C'est dans les départements de Maradi (8,7 enfants), de Zinder/Diffa et de Tillabéri (7,8 enfants) que l'on observe les niveaux les plus élevés. Par ailleurs, les femmes ayant un niveau d'instruction secondaire ou plus ont, en moyenne, 3 enfants de moins que celles qui n'ont jamais fréquenté l'école (4,6 contre 7,8). La précocité de la fécondité explique, en grande partie, son niveau élevé. En effet, une femme de 25-49 ans sur deux a eu sa première naissance avant l'âge de 18 ans. De même, les adolescentes (15-19 ans) contribuent pour près de 14 % à la fécondité totale des femmes. Au moment de l'enquête, 36 % des adolescentes étaient déjà mères et 7 % étaient enceintes pour la première fois. La fécondité est plus précoce en milieu rural, où l'on enregistre 49 % d'adolescentes ayant commencé leur vie féconde, qu'en milieu urbain où cette proportion est de 24 %. Au nombre des facteurs qui expliquent les niveaux et la tendance de la fécondité, on peut citer la précocité du mariage et l'activité sexuelle. Ainsi, une femme de 25-49 ans sur deux était déjà en union à 15,1 ans et avait eu ses premiers rapports sexuels au même âge. Au Niger, le mariage est universel. Au moment de l'enquête, 84 % des femmes et 66 % des hommes étaient en union. Par ailleurs, la polygamie est très répandue : 38 % des femmes en union et 23 % des hommes en union vivent en union polygame. Par ailleurs, l'utilisation très faible de moyens contraceptifs est un autre facteur qui explique le niveau élevé de la fécondité. Si les méthodes contraceptives modernes sont assez bien connues au Niger (75 % des femmes en union et 93 % des hommes en union ont déclaré connaître, au moins, une méthode contraceptive moderne), l'utilisation au moment de l'enquête reste néanmoins très faible. En effet, seulement 5 % des femmes en union et 8 % des hommes en union ont déclaré utiliser une méthode moderne de contraception au moment de l'enquête. L'utilisation de la contraception moderne par les femmes en union est près de dix fois plus importante en milieu urbain (19 %), qu'en milieu rural (2 %). Chez les hommes, la prévalence atteint 25 % en milieu urbain et 4 % en milieu rural. La méthode moderne la plus utilisée par les femmes et les hommes en union est la pilule (respectivement, 3 % et 5 %). Bien que l'utilisation des méthodes contraceptives modernes reste encore très faible, on constate que le niveau actuel est deux fois plus élevé chez les femmes en union que celui enregistré en 1992. L'utilisation actuelle de la contraception est très faible chez les femmes en union, mais les besoins non-satisfaits en matière de planification familiale ne sont pas très importants. Moins d'une femme en union sur cinq (17 %) en exprime le besoin, l'espacement des naissances (14 %) demeurant la principale préoccupation. À l'heure actuelle, un tiers (33 %) de la demande potentielle totale en planification familiale chez les femmes en union se trouve satisfaite au Niger. Si tous les besoins en matière de planification familiale étaient couverts, la prévalence contraceptive des femmes en union ne serait que de 25 %, ce qui est néanmoins quatre fois plus élevé que la prévalence enregistrée. Il faut noter que la planification des naissances n'est pas un sujet de discussion entre les conjoints au Niger. Plus de deux femmes en union sur trois (69 %) n'ont jamais eu de discussion sur la planification familiale avec leur mari au cours des douze mois ayant précédé l'enquête. Par ailleurs, on constate que les Nigériens restent attachés à une descendance nombreuse. Le nombre idéal moyen d'enfants est de 8,5 chez les femmes en union et de 12,3 chez les hommes en union. Pour cette raison, seulement 10 % des femmes et 4 % des hommes ont déclaré ne plus vouloir d'enfants. De ce fait, la fécondité désirée (7,2) est de même niveau que la fécondité actuelle (7,5), sauf dans le cas de Niamey, où on enregistre une fécondité désirée inférieure de près d'un enfant à ce qu'elle est actuellement (4,6 contre 5,2). D'autre part, I'EDSN-II a permis de recueillir des données sur la santé maternelle et infantile. En ce qui concerne les soins prénatals et les conditions d'accouchement, on constate qu'an Niger, pour 40 % des naissances survenues dans les 3 années précédant l'enquête, les mères ont effectué une visite prénatale et que seulement un tiers d'entre elles (34 %) ont été protégées contre le tétanos néonatal, par, au moins, une dose de vaccin antitétanique. On constate des écarts importants selon le milieu de résidence. En milieu urbain, pour neuf naissances sur dix, les mères ont reçu des soins prénatals et sept mères sur dix ont été vaccinées contre le tétanos néonatal. Ces proportions sont, respectivement, de 96 % et 72 % à Niamey. En milieu rural, par contre, seulement 30 % des naissances ont bénéficié de consultations prénatales et 28 % de vaccinations antitétaniques. En ce qui concerne les vaccinations des enfants, on constate que 47 % des enfants de 12-23 mois ont reçu le BCG, 25 % les trois doses de DTCoq et 24 %, celles de la Polio, et 35 % ont été vaccinés contre la rougeole. Au total, moins d'un enfant de 12-23 mois sur cinq (18 %) a reçu toutes les vaccinations du Programme Élargi de Vaccination (PEV). Parmi les enfants de 12-23 mois, 40 % n'avaient reçu aucune vaccination. La couverture vaccinale n'a pas évolué depuis 1992, où l'on avait enregistré 17 % d'enfants totalement vaccinés. Par contre, la proportion d'enfants n'ayant reçu aucun vaccin a considérablement diminué, les proportions étant passées de 60 % à 40 %. Par ailleurs, la couverture vaccinale est cinq fois plus importante en milieu urbain (54 % des enfants de 12-23 mois ont reçu toutes les vaccinations), et sept fois plus à Niamey (71%), qu'en milieu rural (11%). Au Niger, les infections respiratoires aiguës et la diarrhée sont des problèmes de santé importants chez les enfants. Quatorze pour cent des enfants de moins de trois ans ont souffert de toux accompagnée de respiration courte et rapide au cours des deux semaines ayant précédé l'enquête. De même, plus d'un enfant sur trois (38 %) a eu un ou plusieurs épisodes diarrhéiques durant les deux semaines ayant précédé l'enquête. Au cours des épisodes diarrhéiques, quatre enfants sur cinq (79 %) n'ont bénéficié d'aucun type de réhydratation, et seulement 18 % ont été conduits dans un établissement de santé au cours de leur maladie. Les mères nigériennes allaitent toutes leurs enfants. La proportion d'enfants de moins de 3 ans allaités est élevée à tous les âges (à 12-13 mois, 95 % des enfants sont encore allaités) et un enfant sur deux est allaité pendant 20,6 mois. Cependant, seulement 42 % des enfants ne sont mis au sein que 24 heures après leur naissance, ce qui peut se révéler néfaste pour leur santé. Par ailleurs, si l'allaitement est quasi général, l'allaitement exclusif est, quant à lui, pratiquement inexistant. En effet, moins de 1% des enfants de 0-3 mois sont exclusivement allaités au sein. A partir de 6 mois, tous les enfants devraient recevoir une alimentation de complément : 93 % des enfants nigériens de 7-9 mois sont nourris conformément à ces recommandations. L'état nutritionnel des enfants nigériens de moins de 3 ans est alarmant. Les indices concernant l'état nutritionnel montrent qu'un enfant âgé de moins de 3 ans sur cinq (21%) est atteint d'émaciation, c'est-à- dire qu'il est trop maigre par rapport à sa taille. En outre, deux enfants sur cinq (41%) souffrent de malnutrition chronique, ou accusent un retard de croissance, c'est-à-dire sont trop petits pour leur âge. Au Niger, la mortalité infanto-juvénile reste élevée. Durant la période 1993-1998, sur 1 000 naissances vivantes, 123 sont décédées avant d'atteindre l'âge d'un an, et sur 1 000 enfants atteignant leur premier anniversaire, 172 sont décédés avant d'atteindre 5 ans. Au total, plus d'un enfant sur quatre (274 %o) est décédé avant l'âge de 5 ans. Cependant, on constate que la mortalité infanto-juvénile semble avoir amorcé une baisse sensible puisque son niveau était de 318 %o pour la période 1988-1992. La pratique de l'excision est peu courante au Niger et de ce fait, elle semble peu connue des femmes de 15-49 ans. Seulement 28 % d'entre elles ont déclaré en avoir entendu parler et seulement 5 % sont excisées. Près d'un tiers des femmes ont subi cette pratique entre 0 et 4 ans et l'âge médian s'établit à 5,8 ans. De plus, dans la majorité des cas (85 %), l'excision est pratiquée par des tradi-praticien et plus spécifiquement, par des exciseuses. D'autre part, 49 % des femmes de 15-49 ans connaissant l'excision se prononcent pour l'abandon de cette pratique. Au Niger, moins d'une femme sur deux (48 %) a déclaré connaître des Maladies Sexuellement Transmissibles (MST). Le niveau de connaissance des hommes est plus élevé puisque 86 % d'entre eux ont déclaré qu'ils connaissaient les MST. Quant au sida, 55 % des femmes et 89 % ont déclaré le connaître. Cependant, parmi les personnes qui ont déclaré connaître le sida, une proportion non négligeable (31% des femmes et 23 % des hommes) ne connaissent aucun moyen de protection. De plus, seulement 1% des femmes et 9 % des hommes qui connaissent la maladie ont déclaré utiliser le condom comme moyen de protection contre le sida.
Data and Resources
Additional Info
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Author | Care International |
Last Updated | May 21, 2020, 12:09 (UTC) |
Created | March 16, 2020, 15:56 (UTC) |
Release Year | 2012-08-09 13:33:31 |