L'EDS Sénégal s'inscrit dans le cadre d'un vaste projet international de recherches sur la fécondité, la santé de la mère et de l'enfant et la planification familiale intitulé "Enquête Démographique et de Santé" (Demographic and Health Surveys). Le projet est financé par I'USAID et exécuté par l'Institute for Resource Development (IRD) de Westingbouse. L'Enquête Démographique et de Santé du Sénégal (EDS) était réalisée au milieu de l'année 1986 par la Division des Enquêtes et de la Démographie de la Direction de la Statistique (Ministère de l'Economie et des Finances) avec l'assistance technique et financière de I'IRD. Les objectifs assignés à I'EDS sont: Recueillir des données sur les niveaux de la fécondité et de l'utilisation de la contraception et sur les facteurs qui influent sur ces niveaux; Recueillir des données sur certains aspects de la santé de la mère et de l'enfant (soins pré et postnatals, incidence et traitement de certaines maladies de l'enfance, vaccination, mesures anthropométriques); Aider les pays à l'institutionnalisation d'enquêtes périodiques qui permettent d'évaluer plus efficacement les programmes publics en matière de population, de santé et de planification familiale. Les objectifs particuliers sont: Fournir des données de base sur la santé, la mortalité et la fécondité; Fournir des données de base sur la connaissance et la pratique de la planification familiale. La réalisation de ces deux objectifs permettra de faire un bilan diagnostic à la veille du lancement du projet conjoint "Santé Familiale et Population" initié par les Ministères du Développement Social et de la Santé Publique. PRINCIPAUX RESULTATS Le mariage demeure universel et est caractérisé par sa précocité où plus de 50 pour cent des femmes sont mariées avant 17 ans. Les femmes passent donc l'essentiel de leur vie féconde en union, exposées au risque des relations sexuelles. Celles-ci sont reprises assez tôt après l'accouchement avec une durée médiane de 2,7 mois seulement. L'allaitement par contre, est quasi général et demeure très prolongé; les mères allaitent en moyenne 19 mois. Ce qui contribue sure- ment à l'allongement de l'aménorrhée post-partum qui est l'une des plus longues en Afrique (durée moyenne de 16,2 mois). La fécondité est également très précoce et reste à un niveau élevé. En effet, malgré une baisse récente de la fécondité, imputable aux générations de moins de 30 ans, la somme des naissances réduites se situe encore à 6,6 enfants chez les femmes de 15-49 ans. Elle était de 7,1 selon I'ESF de 1978. Pour ce qui est de la parité moyenne totale, elle est restée inchangée chez les femmes en union (4 enfants). L'enquête a montré que les femmes sénégalaises sont très attachées à 1 a famille nombreuse, bien qu'il ait des changements dans la dimension idéale de la famille entre 1978 (9,0 enfants) et 1986 (7,2 enfants). On assiste aussi à des changements visa-a-vis de la planification familiale. La connaissance des méthodes contraceptives est presque quasi totale (9 femmes sur 10 connaissent au moins un moyen anticonceptionnel). En 1978, la connaissance était 60 pour cent. La prévalence contraceptive est passée de 4 pour cent en 1978 a 11 pour cent en 1986, mais la contraception moderne est restée extrêmement faible (2,4 pour cent) bien qu'elle ait connu une augmentation très importante par rapport a 1978, qui était de 0,6 pour cent seulement. L'EDS a, par ailleurs recueilli des données sur la mortalité infantile et juvénile et sur la santé de la mère et de l'enfant. Le niveau de mortalité infantile et juvénile demeure élevé, l'un des plus forts en Afrique malgré une baisse non négligeable depuis 1978. En effet, le quotient de mortalité infantile lq0 est estimé par cette enquête 86 pour mille durant la période de 1981-85. La mortalité des enfants de 1 à 4 ans pour la période la plus récente est de l'ordre de 11,4 pour mille. Il s'agit d'une sur- mortalité juvénile, qui a été observée dans d'autres études et qui s'explique probablement par les conditions sociales et l'environnement. Concernant la santé de la mère et de l'enfant, l'enquête a montré que plus de 6 femmes sur 10 ont bénéficié d'une visite prénatale à un service de santé pour les naissances des cinq dernières années et que l'accouchement a domicile reste pratiqué par la majorité des femmes sénégalaises (58 pour cent). L'incidence et le traitement de la diarrhée et du paludisme sont également présentés dans ce rapport. Presque 40 pour cent des enfants de moins de 5 ans ont eu la diarrhée au cours des deux dernières semaines. La réhydratation par voie orale comme traitement contre cette maladie est citée par très peu de mères (7 pour cent). L'étude du paludisme pendant l'hivernage dernier indique que la moitié des enfants de moins de cinq ans ont eu la maladie selon les déclarations des mères et que ces dernières prennent au sérieux le paludisme puisque la quasi-totalité des enfants (93 pour cent) ont reçu un traitement contre la maladie. L'enquête a donné des informations sur la disponibilité des carnets de santé et la couverture vaccinale a partir de ces documents de soins. Moins du quart (24 pour cent) des enfants de moins de cinq ans ont des carnets de santé que l'enquêtrice a vus et que parmi les enfants de 1 a 4 ans ayant des carnets, 30 pour cent sont vaccin6s contre toutes les maladies: BCG, DTCoq, Polio et Rougeole. Enfin, I'EDS a collecté des données sur les mesures anthropométriques (poids et mille) des enfants de 6/136 mois d'un sous échantillon des femmes enquêtées. Les indices étudiés sont: le poids-pour-taille, la taille-pour-âge et le poids-pour-âge. Si la dénutrition de modérée à sévère est relativement faible au Sénégal, la dénutrition chronique par contre, est élevée étant donné que le quart des enfants souffrent d'une déficience alimentaire chronique sévère ou modérée. L'éducation et l'urbanisation semblent être les deux variables qui sont les plus corrélés aux indicateurs qu'on vient de présenter. Mais ces deux variables agissent en étroite relation avec le degré de développement socio-économique.