L'Enquête Démographique et de Santé au Sénégal (EDS-III), qui s'est déroulée de janvier à avril 1997, a été réalisée par la Division des Statistiques Démographiques de la Direction de la Prévision et de la Statistique du Ministère de l'Économie, des Finances et du Plan, avec la collaboration de Macro International Inc, et l'appui financier de I'USAID, du FNUAP et de la Banque Mondiale. Cette enquête par sondage, représentative au niveau national a permis d'interviewer 8 593 femmes âgées de 15 à 49 ans et 4 306 hommes âgés de 20 an set plus. L'EDS-1II s' est déroulée à la suite de deux enquêtes précédentes : I'EDS-I de 1986 et I'EDS-II de 1992-1993. Ces trois études se situent dans le même cadre du programme international, à savoir les Enquêtes Démographiques et de Santé (Demographic and Health Surveys DHS). L'un des objectifs essentiels de I'EDS-III est de recueillir des données sociales, démographiques et sanitaires représentatives, tant au niveau national que régional, devant permettre : 1) d'étudier les niveaux et les tendances de la fécondité et de la mortalité des enfants âgés de moins de 5 ans; 2) d'évaluer les niveaux de connaissance et d'utilisation (passée et actuelle) des méthodes contraceptives, aussi bien chez les femmes que chez les hommes; 3) d'analyser la préférence des Sénégalais en matière de fécondité et leurs attitudes à l'égard de la planification familiale; 4) d'étudier la santé de la mère et de l'enfant : visites prénatales, assistance à l'accouchement, prévalence et traitement de la diarrhée; 5) de mesurer la connaissances et les attitudes des hommes et des femmes vis-à-vis des maladies sexuellement transmissibles et du sida; et 6) de fournir aux responsables de programmes de population et aux décideurs des données de base actualisées et de qualité sur la fécondité, la mortalité, la planification familiale et la santé. Ces données sont, à la fois, utiles à l'évaluation de l'impact des programmes de population et à l'élaboration de stratégies nouvelles pour l'amélioration de la santé et du bien-~tre de la population. PRINCIPAUX RESULTATS Les conclusions principales qui se dégagent de ce rapport et qui nécessitent d'être mentionnées sont présentées ci-dessous: Au niveau des caractéristiques de la population enquêtée : la majorité des femmes et des hommes sénégalais n'ont aucune instruction (respectivement 67 % pour les femmes âgées de 15-49 ans et 61% pour les hommes de 20 ans ou plus). Par ailleurs, près d'un ménage sur trois seulement (32 %) possède l'électricité, et près d'un ménage sur deux (49 %) a accès à une eau à boire contrôlée (robinet dans le logement ou borne fontaine). Les ménages disposant de toilettes adéquates (chasse d'eau privée ou collective) ne représentent que 12 %. Les résultats de I'EDS-III montrent que la fécondité reste relativement élevée. Pour la période des trois années précédant l'enquête, l'indice synthétique de fécondité est de 5,7 enfants par femme. Cet indice est passé de 7,2 enfants en 1978 à 6,0 enfants en 1992-1993 et à 5,7 en 1997, soit une baisse de 30 % au cours des deux décennies et de 5 % au cours des quatre dernières années. En outre, les données de l'enquête indiquent que la fécondité varie fortement selon le milieu de résidence : elle est une fois et demie plus élevée chez les femmes rurales (6,7 enfants) que chez les femmes urbaines (4,3 enfants). La baisse de la fécondité reflète aussi le changement de comportement des femmes vis-à-vis de la taille de la famille. Parmi les femmes mari~es, plus de deux femmes sur dix (23 %) souhaitent ne plus avoir d'enfants, et près de quatre sur dix (39 %) désirent les espacer. Seulement moins d'une femme sur quatre (24 %) désirent avoir des enfants tout de suite. Les hommes sênégalais sont plus conservateurs : seulement 9 % souhaitent limiter leur descendance. La pratique contraceptive, bien qu'elle reste faible, est en nette progression, et commence à constituer un autre facteur responsable de la baisse de la fécondité au Sénégal. Avec l'appui des partenaires au développement, le Sénégal s'engage entièrement dans la planification familiale depuis les années 1980. L'EDS-III montre que la connaissance de la contraception par les femmes actuellement mariées est très élevée (86 %), et que le pourcentage d'utilisation au moment de l'enquête ou taux de prévalence contraceptive atteint 12,9 %. Pour les méthodes modernes, le taux est de 8,1%. En 1986 et en 1992-1993, le taux de la contraception moderne était respectivement de 2,4 % et 4,8 %. Entre 1992- 1993 et 1997, l'augmentation est de 69 %. La planification familiale au Sénégal est orientée, principalement, vers l'utilisation de la contraception moderne, la pilule restant la méthode la plus utilisée (3,3 %), suivie des injections (1,7 %) et du DIU (1,6 %). Concernant les méthodes traditionnelles, leur part représente 4,8 %. La quasi-totalité des enfants sénégalais nés au cours des cinq années ayant précédé I'EDS-III ont été allaités. L' OMS recommande que des aliments solides soient introduits dans l'alimentation des enfants entre 4 et 6 mois, âges à partir desquels le lait maternel n'est plus suffisant pour assurer la meilleure croissance des enfants. Cependant, au Sénégal, seulement 13 % des enfants de 4-5 mois sont nourris conformément aux pratiques recommandées. Ce taux a très peu changé par rapport à celui de 1992-1993 qui était de 12 %. En outre, l'alimentation au biberon, qui est fortement déconseillée, est extrêmement faible au Sénégal : 4 % chez les enfants de 0-1 mois et 3 % chez ceux de 2-5 mois. La mortalité des enfants a accusé une baisse non négligeable au cours des quinze dernières années. Pour la période la plus récente (0-4 ans avant l'enquête), sur 1000 naissances, 68 enfants décèdent avant leur premier anniversaire; pour cette même période, sur 1000 enfants âgés d'un an, 76 meurent avant leur cinquième anniversaire, et sur 1000 naissances, 140 enfants décèdent avant leur cinquième anniversaire. Globalement, la mortalité infantile a sensiblement baissé dans le temps. En ce qui concerne la mortalité infanto-juvénile, le rythme de baisse, observé au cours des 10 à 25, deruières années aurait été ralenti au cours des 10 demières années. Toutefois, ces tendances récentes devraient être interprétées avec prudence dans la mesure où l'intervalle de confiance de l'estimation des différents quotients ne permet pas, dans certains cas, de confirmer ou d'infirmer avec précision les tendances apparentes, et cela d'autant plus que la taille de l'échantillon a beaucoup augmenté d'une enquête à l'autre. L'EDS-III a enfin apporté des informations sur la connaissance des maladies sexuellemnt transmissibles (MST) et le sida. Les résultats montrent que les MST, y compris le sida, sont très largement connues aussi bien par les femmes (92 %) que par les hommes (98 %). Dans l'ensemble, seulement 80 % des femmes et 85 % des hommes connaissant le sida ont déclaré en connaître un mode de transmission quelconque. Parmi les modes de transmission spécifiques, les rapports sexuels sont, de loin, les plus cités, suivis par les transmissions liées à l'injection, par un instrument infecté et à la transfusion sanguine.